Facebook invente le plus gros cookie du monde

le 12 Oct 2011
4 min de lecture
Facebook invente le plus gros cookie du monde

J’en ai rêvé, Facebook l’a fait ! Ca y est ! Y avait deja la plus grosse choucroute, le plus gros hamburger, la plus longue saucisse,…Marc Zuckerberg vient de nous inventer le plus gros cookie du monde.
Et le plus incroyable c’est qu’on est tous parti pour en manger.Ou plutôt pour se faire manger tout cru, se faire boulotter tout vivant jusqu’au trognon de la petite enfance, s’holocauster nous même personnellement sur l’autel de la celebrite dans le gosier sans fond de ce Chronos ditigal qui ne s’arrètera que quand il aura englouti tous ses enfants.

De quoi parle-je ? De la nouvelle timeline de Facebook bien sûr. Terminé le passage fugace sur le mur de la varicelle du petit et de la cuite de tonton Hervé, voici venu l’ère du coffre au trésor ou on stockera toutes les photos dudit petit, un scan de son diplôme de cathéchisme, la photo 3D des seins de sa première copine, le MP3 de la musique ringarde sur laquelle on avait tous dansé au mariage et le prospectus du caveau digital ou on se fera enterrer quand l’homme aura foutu la planète dans le rouge définitivement…

Le réceptacle de notre histoire numérique ; voici ce que nous propose Zuckerberg. Quand on y réfléchit, c’est plutôt logique de la part d’un type qui a déclaré que la privauté n’avait plus de sens en ce siècle.

Ce qui l’est moins, c’est ce paradoxe absolu : nous passons notre temps dans des débats sans fin sur le danger des cookies, le coté pénible du retargeting des canapés rouges (si on a eu le malheur de chercher UNE fois un canapé rouge !), le coté insupportable du spam (j’ai jamais donné mon mail à ce site de gens tout nus, chérie, j’t’assure, c’est pas moi…, surement la bonne ! je me suis toujours méfié !), le vilain Hadopi qui nous piste jusque chez nos box… et nous confions sans vergogne à un type qui dit ouvertement qu’il s’en fout tous nos secrets les plus secrets. Volontairement. Le rêve de tous les vendeurs de CRM, le cookie géant, la database client ultime, autoremplie, autovalidée.

Au pays fondateur des Droits de l’Homme et du Citoyen, où la CNIL vient d’épingler un gros fabricant d’annuaires pour avoir aspiré des datas provenant de réseaux sociaux, on est en droit de se poser des questions.

La réponse tient peut être dans le fait que Facebook ne se planque pas. Ce qui est anxiogène dans un cookie, c’est qu’il avance masqué, qu’on ne sait pas à quoi il ressemble, ce qu’il contient, ce qu’il glane de nous à notre insu.

Là c’est moi qui choisit ce que je donne, ce qui me permet d’ailleurs de tricher si je veux éviter de dire que je n’ai jamais eu mon diplôme de prothèse dentaire ou que mon dernier employeur m’a viré ; et pour faire bonne  mesure j’ai plutôt intérêt à mettre ma photo d’il y a 3 ans, quand je n’avais pas encore pris 34 kilos.

Mais si je remplis mon coffre au trésor pour mes futurs petits enfants, il y a moins de chance que je triche… Ce qui fait la qualité d’une base de données, c’est la motivation de ceux qui la remplissent. La base d’adresse de la SNCF est de très bonne qualité parce que personne ne donne une fausse adresse pour recevoir son billet de train.

Nous sommes des centaines de millions à abreuver la bète et même si nous pensons choisir, nous la nourissons d’un potentiel considérable. Nous luis disons tout ce que nous aimons et détestons en premier lieu. Si nous parlons à nos amis de notre musique préférée, ils vont pouvoir l’acheter directement.Nous devenons vendeurs Tupperware.

Mais surtout nous allons devenir un matériau durable, parce que personne ne veut se dissoudre dans le néant.Nous allons devenir une cible captive et captivée par soi même, soucieuse d’être encore là dans mille ans, avec un chez nous digital ou on pourra venir nous vendre des choses, ou on saura toujours ou nous trouver.

Facebook bénéficie aujourd’hui d’une telle masse d’utilisateurs que le lancement d’une offre nouvelle, même moyennement adoptée, élève d’office une barrière à l’entrée considerable (cf. Facebook Places face à Foursquare).  Zuckerberg a déjà fait de nos enfants des junkies du chat, des drogués du scoop , des concierges permanents de l’escalier du web. Aujourd’hui il leur achète une conduite, leur donne l’éternité.

Jusque là Facebook a essentiellement exploité de son dispositif le pouvoir de prescrption, le nouveau Facebook ouvre toute grande la porte du e-commerce. Sauf que c’est nous qui servons de présentoir à l’étalage.

Richard STRUL

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